译 | 伊夫·博纳富瓦诗五首
几个月前曾发心要把《曲板/弯曲的船板/Les Planches Courbes》全本译出,恨自己译笔太臭,也无力研读浩繁的相关研究,空是苦咂,原诗果核般的质感在翻译中损失较多,只有挫折感而无成就感,磨了二十多首后终于还是放弃了(据说秦三澍学长的译本即将出版,我愈加没有动力了)。在此抢救几篇,附原文一并贴出。
▉一块石头
我从罐中取出 那些早晨的灰烬 再贮满水,放在石板地上 一股晦涩的薄荷味 便飘荡在屋内了
哦,回忆 你的树在空中结花 我们误以为是雪的飘飞 而闪电开辟出一条天路 晚风大把大把地撒下它的种子
UNE PIERRE
Matins que nous avions, Je retirais les cendres, j'allais emplir Le broc je le posais sur le dallage, Avec lui ruisselait dans toute la salle L'odeur impénétrable de la menthe. O souvenir, Tes arbres sont en fleuves devant le ciel, On peut croire qu'il neige, Mais la foudre s'eloigne sur le chemin, Le vent du soir répand son trop de graines.
▉一块石头 面前是我们的影子,落在 道路之上。他们踩着碎石 轻轻跳动,被染上草色 飞鸟们携着鸣声掠过 有时也稍作停留,那里 我们正将前额俯向彼此, 以尚未言说的词相互触碰。 UNE PIERRE Nos ombres devant nous, sur le chemin, Avaient couleur, par la grâce de l'herbe, Elles eurent rebond, contre des pierres. Et des ombres d'oiseaux les effleuraient En criant, ou bien s'attardaient, là où nos fronts Se penchaient l'un vers l'autre, se touchant presque Du fait de mots que nous voulions nous dire. ▉一块石头
一切都贫瘠,裸露,不确切 家具简陋如石块,墙上的裂纹、 裂出一串发绺,我们欣喜于 新的世界正从中迁徙而来 红布匹仍旧敞开着 一股顽固的焦渴 使这夜云层积重 从那里走过,我却感到 信心急切,一切要从头再来 UNE PIERRE
Tout était pauvre, nu, transfigurable, Nos meubles étaient simples comme des pierres, Nos aimions que la fente dans le mur Fûtcet épi dontessaimaient des mondes Nuées, ce soir, Les mêmes que toujours, comme la soif, La même étoffe rouge, dégrafée. Imagine, passant, Nos recommencements, nos hâtes, nos confiances.
▉扔石头
夜里,我们在那里扔石头,扔得尽可能高,尽可能远。面前的树林陡然奔下,传来水贴着树干流淌的汩汩声,我们的双脚似乎已经临着深渊了。 从荆棘丛中取出硕大的石块并非易事,但我们做得很急切。灰白的石头在黑暗中散出光来。 我们用双手将它们举过头顶,天呐,他们沉重、峥嵘,世间简直没有什么能与它们相比!我们把它们远远地扔出去,扔到无名的角落里,扔进深渊,在那里,便无所谓高,无所谓低,没有水声,也没有星星。月光挣脱云层的遮挡,降在各处,于是我们相视而笑。 因为要拨动棘根,翻掘泥土,我们的双手都擦伤了,很快便血迹斑斑,但仍紧紧握住那块巨石。我们的脸也被血染成紫红,但都无妨,我们从废土中抬起双眼,寻着彼此的目光,依然报以微笑。
JETERLE DES PIERRES
Et nous etions là, dans la nuit, à jeter des pierres. A les jeter le plus haut, le plus loins possible, dans ce bois que c'en était sous nos pieds comme déjà un ravin, avec le bruit de l'eau à ruisseler en contrebas sous les arbres. Des pierres, de grosses pierres que nous degagions des broussailles, difficilement mais en hâte. Des pierres grises, des pierres etincelantes dans le noir. Nous les elevions à deux mains, au-dessus de nos têtes. Qu'elles etaient lourdes ainsi, plus hautes, plus grandes que tout au monde! Comme nous les jetterions loins, là-bas, de l'autre côté sans nom, dans le souffre où il n'y a plus ni haut ni bas ni bruit des eaux ni etroile. Et nous nous regardions en riant dans la clarté de la lune, qui surgissait de partout sous le couvert des nuages. Mains déchirées bientôt, mains en sang. Mains qui écartaient des racines, fouillaient la terre, se resserraient sur la roche qui résistait à leur prise. Et le sang empourprait aussi nos visages, mais toujours nos yeux se levaient du sol dévasté vers d'autres yeux, et c'était encore ce rire. ▉夏雨
Ⅰ
夏天的雨, 短暂,突如其来 成为回忆中最珍贵的 而不是最温柔的 我们行走在 另一个世界 并沉醉于 咀嚼草香 大地, 雨的布匹已将你覆盖 正如某位画家 所虚构的你的胸脯
Ⅱ
炼金术师们所 苦苦探求的黄金 很快,天空 就要许诺给我们了 在低处的树枝上 我们领取到闪光之物 水在唇上的滋味 多么令人喜爱 然后我们在黄昏 拢起坠落的枝叶 生起烈火,生起 腾着浓烟的黄金 LA PLUIE D'ETE Ⅰ
Mais le plus cher mais non Le moins cruel De tous nos souvenirs, la pluie d'été Soudaine, brève. Nous allions, et c'était Dans un autre monde, Nos bouches s'enivraient De l'odeur de l'herbe. Terre, L'étoffe de la pluie se plaquait sur toi. C'était comme le sein Qu'eût rêvé un peintre Ⅱ
Et tôt après le ciel Nous consentait Cet or que l'archimie Aura tant cherché. Nous le touchions, brillant, Sur les branches basses, Nous en aimions le goût D'eau, sur nos lèvres. Et quand nous ramassions Branches et feuilles chues, Cette fumée le soir puis, brusque, ce feu, C'était l'or encore.