试译耶麦诗五首:《到了秋月……》《你会嘲笑……》《你呵,苔蔷薇……》《寒冷的林间有座磨坊……》《听,花园里......》(原文附后)
都尔奈,耶麦故居
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到了秋月……
——致维埃雷-格里芬
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到了秋月,胖嘟嘟的鹌鹑
走了,秧鸡觅食着小蜗牛,
在雨后的草场滑行。
山坡前,早看见
从容翱翔的雏鹰,
可长天上,巨翼的凤头麦鸡
像网线般搅乱雏鹰试图恢复的
队形,向泥泞的湿地苇丛飞行。
然后,是孩子们喜爱的野鸭
机械而精准地飞过天空,
警觉的苍鹭,也高高地停留云层;
懒洋洋的鸭子,围成半圆形,
在那儿微微抖着,直到不见踪影。
然后是鹤群,喙上带钩,
嘎嘎叫着,一只接替一只,
从队尾向队头疾行。
维埃雷-格里芬,诗人如此炼成:
却找不到苦苦寻觅的平静,
殊不知巴希尔照常杀猪,
四处传遍凄厉的猪叫声,
而我们总对琐屑事小怪大惊……
可照样有意中人,一身粉红,
在雨中倩笑,玉立
亭亭。还有生病的看家狗,
躺在杂物中,眼睁睁看着
大限来临,却丝毫不懂。
这一切相互交织,时衰时盛,
祸兮福所倚,福兮祸所生,
此即生活,智者为之命名。
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Voici les mois d’automne...
A Vielé-Griffin
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Voici les mois d’automne et les cailles graisseuses
s’en vont, et le râle aux prairies pluvieuses
cherche, comme en coulant, les minces escargots.
Il y a déjà eu, arrivant des coteaux,
un vol flexible et mou de petites outardes,
et des vanneaux, aux longues ailes, dans l’air large,
ont embrouillé ainsi que des fils de filet
leur vol qu’ils ont essayé de rétablir, et
sont allés vers les roseaux boueux des saligues.
Puis les sarcelles, jouets d’enfants, mécaniques,
passeront dans le ciel géométriquement,
et les hérons tendus percheront hautement ;
et les canards plus mols, formant un demi-cercle,
trembloteront là-bas jusqu’à ce qu’on les perde.
Ensuite les grues, dont la barre a un crochet,
feront leurs cris rouillés, et une remplacée
par une autre, à la queue, ira fendre à la tête.
Viélé-Griffin, c’est ainsi que l’on est poète :
mais on ne trouve pas la paix que nous cherchons,
car Basile toujours saignera les cochons,
et leurs cris aigus et horribles s’entendront,
et nous ferons des monstres de petites choses...
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Mais il y a aussi la bien-aimée en roses,
et son sourire en pluie, et son corps qui se pose
doucement. Il y a aussi le chien malade
regardant tristement, couché dans les salades,
venir la grande mort qu’il ne comprendra pas.
Tout cela fait un mélange, un haut et un bas,
une chose douce et triste qui est suivie,
et que l’homme aux traits durs a appelé la vie.
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你会嘲笑……
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你会嘲笑爱你的可怜傻瓜,
可嫁一个不爱还嘲弄你的男人,
你会变成母狗在他膝边爬。
相信我:爱那痴情的可怜傻瓜吧,
他会温存待你,呵护有加。
还会抱怨说,你不像爱人
那样,把纤秀双臂攀绕他双肩,
祈祷般将葱葱十指交叉?
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去吧:别再等披发的诗圣:
莫指望英俊金发的
俄罗斯王子或剑客游侠:
真爱,世间难觅;
可你却嘲笑那可怜傻瓜,
小时你或许在获奖书中读过
未婚美伉俪速浴爱河会难以自拔。
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看看那些老人,皱脸白发,
她们年轻时也期盼某些奇迹:
微颤的手指上隆起粗粗的血脉,
首次接受玫瑰时也羞涩忸怩。
我相信,有了孩子后,
点滴友情会使你们更如胶似漆:
亲情令人们更爱孩子——常见
妻子亲吻丈夫时与小宝贝相拥一起。
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1888年
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Tu rirais...
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Tu rirais d’un pauvre diable qui t’aimerait
et cependant tu pourrais devenir la chienne
d’un homme qui ne t’aimerait pas et rirait.
Crois-moi : préfère le pauvre diable sans haine
qui serait pour toi très complaisant et très doux.
Puis, qu’est-ce qui te dit que, comme une chérie,
tu ne mettrais pas tes minces bras à son cou
en croisant tes petits doigts comme quand on prie ?
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Va : n’attends pas un grand poète à cheveux longs :
il n’en existe pas plus que des mousquetaires
ou que des princes russes distingués et blonds :
le bien-aimé ne se trouve pas sur la terre ;
et pourtant devant le pauvre diable tu ris
parce que tu lisais, étant toute petite,
dans les livres de distribution des prix
que les beaux fiancés se faisaient aimer vite.
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Regarde les vieux qui sont ridés et tout blancs
et qui dans leur temps croyaient, eux aussi, des choses :
ils ont de grosses veines dans leurs doigts tremblants
et sont confus de s’être offert jadis des roses.
Puis, je crois que, si l’on a plus tard des enfants,
il vaut bien mieux qu’un peu d’amitié vous rapproche :
car l’amitié fait mieux aimer l’enfant — souvent
la femme embrasse son mari contre son mioche.
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1888.
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你呵,苔蔷薇……
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你呵,金发的苔蔷薇,在你耳畔,
让我的诗像蜜蜂般萦回低颤。
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让我凝望你滑过的目光,像滑过的
夜神一样,为你催眠,闪烁金光!
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让我万般温柔的祈求令你陶醉,
——宛若苔藓深处的露水!
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当你为愉悦而要我的心时,我愿
我的心像血之花在你秀发间绽放!
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我落泪时,呵,小傻瓜,愿你
藉我的呼喊,助兴你的欢畅,
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当人们把我放进阴暗的棺木,
愿你最后的泪珠令你美目流光,
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为那些活下来一睹你更加美丽的人们
在我的死亡中欣赏你永恒的青春征象。
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[注] 法文中的“rose”一词既是花名(蔷薇),又可用作女性人名“露丝”(Rose)。此处“金发的苔蔷薇”写为“Rose moussue et blonde”,似乎寓意人名。苔蔷薇(rose moussue),是欧洲最古老的蔷薇品种之一,原产于法国南部,其名字的由来是因其花萼及花托上长满带有分叉的绒毛,形如苔藓一般。它的花色代表了深红色系,一般从粉红、肉红到紫红,唯独缺少纯红色。它还有个特点,即花萼上的绒毛具有分泌香味的腺体,故在花开之前就能闻到很愉快的香味,是现代月季香味的始祖之一。
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Ô toi, rose moussue...
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Ô toi, Rose moussue et blonde, à tes oreilles,
Que mes vers chantent comme un murmure d’abeilles.
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Que mon regard, vers toi glisse comme la Nuit
Qui glisse et qui t’endort sous l’or dont elle luit !
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Que je te charme en invocations très douces,
— Comme les chants de la rosée au fond des mousses !
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Quand tu voudras mon cœur pour t’amuser, je veux
Qu’il soit comme une fleur de sang dans tes cheveux !
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Lorsque je pleurerai, je veux, ô petite oie,
Que tu prennes mes cris pour des accès de joie,
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Et, lorsqu’on me mettra dans l’ombre du cercueil,
Que ta dernière larme embellisse ton œil,
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Pour que ceux qui vivront, en te voyant plus belle,
Admirent dans ma mort ta jeunesse immortelle.
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寒冷的林间有座磨坊……
——致F.罗森博格
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寒冷的林间有座磨坊,溪流清亮,
长长的蕨草长在岩石旁。
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蓝色树林旁,金发少女
浣衣,荫影间水波荡漾。
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她把裙裾高高地绾起,
水中白皙的双腿可见。
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小路清冷狭窄,难行阴暗,
夜晚,就是这般。
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粗壮橡树遮蔽赤日炎炎,
苔藓上花开鲜艳。
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我们走上卵石小径,
红树莓和犬蔷薇长在路边。
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脱谷机在阳光下
轰响,碾着空芯的麦秆。
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可我又折返树林,有位裙裾绾得
高高的清纯少女在水畔。
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我踩着暗紫的欧石南,
用力把蕨草折断。
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是否繁星之夜,
黑夜亦在水中洗濯风帆?
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怎么回事?——唔!姑娘头上,
云雀要唱,停在紫色的欧石南。
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我又折返树林,裙裾绾得高高的
洁白少女,仍在水畔。
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1889年8月
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Au moulin du bois froid...
À F. Rosenberg
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Au moulin du bois froid où coule de l’eau claire,
près des rochers, il y a de la fougère.
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Tout près du bois bleu, une jeune fille blonde
lavait le linge et l’eau coulait à l’ombre.
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Et elle avait retroussé sa robe assez haut :
on voyait ses jambes blanches dans l’eau.
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Et les chemins étaient frais, étroits, mauvais, noirs,
comme si ç’avait été le soir.
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Les chênes ronds et durs empêchaient la chaleur
et, sur la mousse, il y avait des fleurs.
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Nous marchions sur les petits cailloux des sentiers,
près des ronces rouges, des églantiers.
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Parce qu’on dépiquait du froment, la batteuse
ronflait au soleil sur la paille creuse.
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Mais je repasserai dans le bois où dans l’eau
une fille fraîche a la robe haut.
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J’irai sur la noire et violette bruyère
couper avec effort de la fougère.
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Est-ce que la nuit, quand il y a des étoiles,
elle lave encore au ruisseau ses toiles ?
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Pourquoi cela ? — Bah ! sur la bruyère violette,
sur la fille chantera l’alouette.
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Et je repasserai dans le bois où dans l’eau
cette fille blanche a la robe haut.
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1889.
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听,花园里......
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听,香芹味弥漫在花园里,
桃树上,灰雀啭啼。
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它的歌如明溪之水,
音调颤抖,水中沐浴。
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我心至死都很悲戚,
尽管许多念头属于——狂迷。
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第一个死了。第二个死了;
——另一个还不知在哪里。
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不过,另外还有一个,
她如月亮般甜蜜......
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今天下午我去看她。
我们漫步在一座城里......
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此乃富人的别墅和名园
在明亮的街区?
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蔷薇和月桂,栅栏和紧闭的门
带着知道点儿啥的神气。
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呵!若我有钱,我与
阿玛丽莉娅就此起居。
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我叫她阿玛丽莉娅。这蠢吗!
不,绝不。我是诗人。
-
二十八岁成为诗人,
难道你自以为有趣?
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钱包里只有十法郎零两个苏
香粉钱。令人丧气。
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藉此我知阿玛丽莉娅
爱我,只爱我本人而已。
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无论水星还是隐修
我俱无工资酬取。
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她太好了,阿玛丽莉娅,
而且,她比我睿智伶俐。
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我俩的幸福只差五十个法郎。
人无法拥有一切,心亦同理。
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若罗斯柴尔德家族有人对她说:
来吧……她可能这样回敬:
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不,你不会得到我的小裙子,
我的爱另属他人……
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若罗斯柴尔德又问:他叫……
叫……叫什么……那个……诗人?
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她会说:是弗朗西斯·耶麦。
如此作答也让我有些伤心:
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我想,罗斯柴尔德家族
根本不知道谁是这个诗人。
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[注1] 阿玛丽莉娅(Amarillya),即玛莫尔(Mamore),是耶麦于1896年结识并深爱的一位犹太裔少女,但由于母亲的坚决反对,耶麦被迫于1898年与相恋三年的阿玛丽莉娅痛苦分手。他在写给朋友的信中说:“我出于对母亲的爱而离开了最值得爱的女友。”
[注2] 水星和隐修,指法兰西水星出版社(Le Mercure de France)和隐修杂志(L’Ermitage)。这两家出版社均曾出版过耶麦的作品。
[注3] 罗斯柴尔德家族(Rothschild),原本是一个在德国生活的犹太人家族。18世纪末期,罗斯柴尔德家族创建了整个欧洲的金融和银行现代化制度。在奥地利和英国,罗斯柴尔德家族先后被提升为贵族阶级。一般认为,在19世纪,罗斯柴尔德家族是全世界最富有的家族。
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Écoute, dans le jardin...
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Écoute, dans le jardin qui sent le cerfeuil,
chanter, sur le pêcher, le bouvreuil.
-
Son chant est comme de l’eau claire
où se baigne, en tremblant, l’air.
-
Mon cœur est triste jusqu’à la mort,
bien que de lui plusieurs aient été, et une soit — folles.
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La première est morte. La seconde est morte ;
— et je ne sais pas où est une autre.
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Il y en a cependant encore une
qui est douce comme la lune...
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Je m’en vais la voir cet après-midi.
Nous nous promènerons dans une ville...
-
Ce sera-t-il dans les clairs quartiers
de villas riches, de jardins singuliers ?
-
Roses et lauriers, grilles, portes closes
ont l’air de savoir quelque chose.
-
Ah ! si j’étais riche, c’est là
que je vivrais avec Amaryllia.
-
Je l’appelle Amaryllia. Est-ce bête !
Non, ce n’est pas bête. Je suis poète.
-
Est-ce que tu te figures que c’est amusant
d’être poète à vingt-huit ans ?
-
Dans mon porte-monnaie, j’ai dix francs
et deux sous pour ma poudre. C’est embêtant.
-
Je conclus de là qu’Amaryllia
m’aime, et ne m’aime que pour moi.
-
Ni le Mercure ni l’Ermitage
ne me donnent de gages.
-
Elle est vraiment très bien Amaryllia,
et aussi intelligente que moi.
-
Il manque cinquante francs à notre bonheur.
On ne peut pas avoir tout, et le cœur.
-
Peut-être que si Rothschild lui disait :
Viens-t’en... Elle lui répondrait :
-
non, vous n’aurez pas ma petite robe,
parce que j’en aime un autre...
-
Et que si Rothschild lui disait : quel est
le nom de ce... de ce... de ce... poète ?
-
Elle lui dirait : c’est Francis Jammes.
Mais ce qu’il y aurait de triste en tout cela :
-
c’est que je pense que Rothschild ne saurait pas
qui est ce poète-là.