Bonbon时事悦读|2021 年地区选举:电子投票,弃权的补救措施?
Elections régionales 2021 : le vote électronique, remède à l’abstention ?
2021 年地区选举:电子投票,弃权的补救措施?
(建议阅读时间:7 分钟 难度参考:B2,朗读:Élodie)
Élodie ,坐标成都,法语专业在读,最喜欢的一句法语:Vous ne devenez pas un papillon du jour au lendemain.
Après un premier tour marqué par une abstention historique, des membres de la majorité ont appelé à moderniser les scrutins, pour voter plus facilement, et donc de mobiliser davantage les électeurs.
第一轮投票的弃权率有史以来最高,多为候选人呼吁采取现代化、简易化的投票方式,调动选民的积极性。
Bruno Amsellem / Divergence
Au lendemain d’élections marquées par une abstention(弃权) historique, plusieurs ténors(头面人物,杰出人物) de la majorité ont relancé le débat sur le vote électronique. Cette solution, qui figurait parmi les promesses du candidat Macron en 2017, permettrait, selon eux, de voter plus facilement, donc de mobiliser davantage les électeurs.
« Le vote par correspondance, le vote électronique, sont des sujets sur lesquels nous devons progresser », a déclaré Christophe Castaner, président du groupe La République en marche (LRM) à l’Assemblée nationale. Le délégué général du parti, Stanislas Guerini, espère, lui, « mettre en place le vote par Internet dans le prochain quinquennat ». Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, s’est aussi déclaré « favorable au vote électronique ». Enfin, un groupe de travail ayant pour objectif la modernisation des modalités de vote, est en cours de constitution au Palais-Bourbon.
Est-ce un remède miracle ou une fausse bonne idée ?
Qu’appelle-t-on « vote électronique » ?
Ce terme englobe plusieurs dispositifs informatiques. « Je parlerais de vote électronique lorsque, depuis le moment ou les bureaux de vote ouvrent jusqu’à la fin du dépouillement, il y a une intervention de médias électroniques pendant la journée du vote », résume Chantal Enguehard, enseignante-chercheuse à l’université de Nantes, et ingénieure en informatique. Dans le cadre de scrutins politiques, il en existe surtout deux :
– Les machines à voter ou ordinateurs de vote : l’électeur se déplace dans un bureau de vote, fait son choix sur un écran placé dans un isoloir, puis émarge(切边,作旁注). Expérimenté dans plusieurs pays, il est testé en France depuis une quinzaine d’années. Lors des élections municipales de 2020, près de 1,2 million d’électeurs (au Havre, à Boulogne-Billancourt, à Issy-les-Moulineaux…) disposaient uniquement de ce moyen de vote, selon l’Observatoire du vote.
– Le vote par correspondance, par Internet : l’électeur vote depuis son ordinateur, par l’intermédiaire d’une interface spécialisée. Nul besoin de se déplacer dans un bureau pour participer à un scrutin. Ce mode de vote est ouvert pour les élections des conseillers des Français de l’étranger et des délégués consulaires.
Que disent les défenseurs du vote électronique ?
Pour les défenseurs du vote électronique, il est un gage de modernisation. C’est ce que déclarait Emmanuel Macron en 2017 : « Nous avons besoin de numériser notre démocratie, en instituant un vote électronique qui élargira la participation, réduira les coûts des élections et modernisera l’image de la politique. »
Le PDG d’Orange, Stéphane Richard, estime aussi que « notre démocratie doit s’adapter à nos vies d’aujourd’hui, en restant irréprochable ». Alors que la numérisation est la norme dans de nombreux secteurs, y compris l’administration, le vote demeure l’un des seuls actes officiels qui nécessitent une présence physique, ou des démarches complexes de procuration.
Le recours au vote électronique serait plus économique, notamment pour certains candidats ne disposant pas de bulletins, faute de budget. Il est aussi présenté comme plus écologique, car il mettrait fin aux cahiers d’émargements, professions de foi, enveloppes et bulletins en papier.
Autre avantage : la simplification du vote et du dépouillement permettrait de connaître les résultats du scrutin plus rapidement. Enfin, la crise liée au Covid-19 ajoute un autre intérêt : éviter les brassages de population dans les bureaux.
Que disent les opposants au vote électronique ?
Ses détracteurs estiment qu’un vote sur Internet n’assure pas les mêmes garanties de transparence, de sécurité et de secret que le vote avec des bulletins en papier et des urnes(投票箱) vitrées.
En France, une procédure encadrée par le code électoral assure la fiabilité du scrutin et garantit la confiance que les électeurs accordent aux résultats. Or cette transparence n’est pas la même pour le vote électronique, estime Chantal Enguehard :
« Tous les votes sont transformés, puisqu’un électeur va voter en faisant un clic ou en appuyant sur un bouton. Ce geste est transformé en impulsion électrique. Cette impulsion est encodée dans un format informatique qui va suivre d’autres transformations de l’information. Pour le votant, il n’est pas possible de suivre cette transformation car cela briserait le secret du vote. »
Comment garantir l’authentification et l’anonymat de l’électeur ? « Dans le cadre du vote électronique, on a du mal à s’assurer que c’est bien vous qui cliquez sur votre écran », explique Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’université de Lille et constitutionnaliste. Seule solution : renforcer les procédures d’authentification. Or « plus on sera en mesure de s’assurer que c’est bien vous qui votez, moins on pourra vous garantir que le vote que vous exprimez est secret », précise-t-il.
L’autre défi est de disposer d’une plate-forme numérique capable de faire face à 48 millions de connexions – le nombre d’électeurs en France. « En l’état actuel de connaissances techniques, on ne sait pas faire », tranche M. Derosier. L’épisode des pannes en série du site du Centre national d’enseignement à distance (CNED) lors de la rentrée scolaire, le 26 avril, a démontré la fragilité des serveurs utilisés par les services publics.
Pour résoudre ce problème, il faudrait allonger la période de vote. Se pose alors un problème de temporalité politique, souligné par M. Derosier : « Imaginons que l’affaire Fillon éclate trois jours avant le vote. L’électeur qui a voté la veille de la révélation(披露,揭发) de l’affaire n’aurait sans doute pas voté pareil. »
« Est-ce qu’on peut faire aussi bien avec du vote électronique, qu’avec du vote traditionnel, qui est relativement bien organisé ? La réponse est non », affirme Véronique Cortier, chercheuse en informatique au Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications (Loria-CNRS). Pour cette spécialiste des protocoles de sécurité dans le vote électronique, il faudra encore une dizaine d’années pour que des solutions aussi sûres que le vote avec bulletin papier soient développées pour des élections politiques à enjeu. Trois menaces sont redoutées :
– le piratage des ordinateurs sur lesquels les électeurs votent,
– la cyberattaque du serveur de vote depuis l’étranger. Le risque est réel si l’on en croit le directeur de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi),
– la compromission du serveur par un agent interne au prestataire du vote en ligne, qu’il soit privé ou public.
La plupart des ingénieurs ayant développé des outils de vote reconnaissent leurs limites. « Aucun des systèmes de vote existants n’offre le même niveau de garantie de sécurité que le vote traditionnel sur papier – tel qu’il est organisé en France, par exemple », précise un responsable de Belenios, l’outil français d’élections professionnelles en ligne.
Les chercheurs pointent aussi la technicité et la complexité du vote en ligne, pour les non-initiés. « Vous ne pouvez pas engager un processus électoral sans que la population ait confiance dans ledit processus », explique M. Derosier, l’opacité d’une élection par Internet risquant de nourrir la défiance politique.
Le vote électronique peut-il accroître la participation ?
Alors que 82 % des 18-24 ans ont boudé la dernière élection, le vote par Internet est présenté comme un recours pour mobiliser les jeunes. Or, selon Mme Cortier, « un certain nombre d’études faites dans d’autres pays montrent qu’il n’y a aucun effet du vote électronique sur l’abstention. »
Actuellement, l’Estonie est le seul pays de l’Union européenne (UE) à avoir mis en place à grande échelle un vote par Internet pour les élections nationales et européennes. Très utilisé, le vote en ligne « n’a pas eu d’impact significatif sur le taux de participation », pointe un rapport de l’Université libre de Bruxelles en 2020. De plus, un rapport d’observateurs électoraux indépendants, réalisé en 2014, signalait « un nombre impressionnant de failles de sécurité et d’erreurs de procédure rendant le système extrêmement vulnérable à des attaques de grande envergure ».
En France, les tentatives réalisées n’ont pas montré un engouement particulier. Lors des dernières élections consulaires, le taux de participation des Français de l’étranger s’est élevé à 12,93 %. Un chiffre, certes en progression (7 % de participation en 2014), mais « le vote par Internet a été la source de nombreuses frustrations et d’agacements de la part des électeurs », en raison des « difficultés techniques », notait le rapport de la commission des lois de l’Assemblée nationale.
Dans le cadre des élections professionnelles, le vote électronique « n’a aucun effet » sur la mobilisation électorale, affirme Mme Enguehard, citant les élections au sein des très petites entreprises (TPE) où la participation est passée de 10 % à 5 % entre 2012 et 2021.
Une réponse technique à un « problème politique »
Le vote électronique resurgit à chaque poussée de l’abstention, comme une solution miracle pour occulter les causes du désintérêt des Français pour la politique. « Penser qu’avec une technologie on va pouvoir résoudre des problèmes qui ne sont pas des problèmes techniques, c’est du solutionnisme technologique », juge Mme Enguehard.
Dans Ouest-France, le politologue et maître de conférences à Sciences Po Stéphane Rozès développe une analyse similaire : « Il n’y a pas de solution technique à des problèmes politiques. (…) La crise de la démocratie est celle de la souveraineté populaire et nationale, celle de son contournement. Voilà ce qu’il faut changer. »
Selon l’étude menée par l’IFOP lors du premier tour des régionales, les abstentionnistes évoquent le mécontentement à l’égard des partis politiques, le fait qu’ils ne se reconnaissent dans aucune liste, ou qu’ils ne voient aucune différence entre les projets. « La question de la participation, c’est d’abord la question de l’offre politique, confirme le politologue Jérôme Jaffré sur France Inter. Ce sont les meetings, les réunions publiques, le porte à porte qui changent le rapport et mobilisent vraiment les citoyens. La réponse numérique n’est pas une réponse suffisante. »
mots et expressions
urne n.f
投票箱
révélation n.f
披露,揭发
émarger v.t
切边,作旁注
ténor n.m
头面人物,杰出人物
abstention n.f
弃权
Source:
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/06/25/le-vote-electronique-remede-a-l-abstention-comprendre-le-debat-qui-agite-l-entre-deux-tours-des-regionales_6085744_4355770.html